Tout triste
Samedi soir... J'ai envie d'être triste. C'est hallucinant comme sensation. Parce que je suis pas triste. Ni déprimé, ni rien, mais j'ai envie d'être triste. J'aimerais bien écouter une chanson bien triste, et me mettre à déprimer un peu. C'est ridicule, surtout maintenant que je suis avec Caroline, je veux dire, OK, ça a pas été drôle de quitter Gwen, qui méritait pas vraiment la façon dont je suis parti (on est d'accord), mais maintenant, je suis avec Caroline, et y'a pas trop de problème. Y'a juste un truc qui m'embête, c'est Lucas, son fils.
Parce que franchement, j'aimerais bien que ça se passe bien, qu'il me considère autrement que comme une chose posée là, parce que c'est vrai, il me parle quasiment pas ce gosse. Juste « salut » ou « tu peux me passer le sel ? », mais rien d'autre. J'ai essayé de jouer à la play (en plus, c'est ma play) avec lui mais il veut pas, il veut pas non plus aller au ciné avec moi, en fait, il veut même pas trop me voir. J'aimerais bien savoir ce que je suis pour lui, comment il me voit et tout. Puis j'aimerais bien lui dire ce qu'il est pour moi, c'est à dire le fils de Caroline, mais comme on n'a pas trop d'écart (en âge), je le vois presque comme un petit frère, parce que j'aurais adoré avoir un frère.
Mais bon... On est samedi soir là, je suis chez Caroline (et je vous jure, j'avais écrit Gw avant d'effacer), et je suis mélancolique. Caroline est là, bien sûr, elle regarde la télé, mais j'ai passé un samedi café et j'ai envie de rien, sauf d'être triste. Je comprends pas, et j'ai du mal à l'expliquer.
Un samedi café, c'est un samedi où je fais rien d'autre que boire du café, fumer, et aussi boire un peu d'alcool. Aujourd'hui, le temps était pourri, Caroline fait le ménage le samedi (Gwen aussi faisait le ménage le samedi, c'est parce qu'elles travaillent la semaine), je lui ai filé un coup de main, mais franchement, j'ai pas eu faim de la journée. J'ai au moins bu une dizaine de cafés, j'ai fumé, j'étais à l'ordinateur, je suis allé faire 2-3 courses, puis j'ai de nouveau rien fait, puis on a bu un apéro (ou deux ou trois), puis de nouveau café pendant que Caroline et Lucas mangeaient. Je me sens space. Bizarre.
Quand t'es réellement déprimé, t'en chie. Parce que t'as mal partout, quand tu souris, t'as ton ventre qui te rappelle que t'es pas censé sourire, tu te sens pas bien et t'as l'impression que ça se finira jamais. Et là, alors que si on regarde bien, ça peut aller (je veux dire, c'est bon, je suis chez Caroline, j'ai à peu près un boulot, bon OK, c'est de l'intérim, mais j'ai des missions qui se suivent), j'ai envie d'être triste.
En fait, je crois que je suis un peu perdu. Parce qu'il s'agit d'une première fois. Il s'agit de mon premier long week-end (avec Pâques aujourd'hui) avec Caroline dans mon nouveau chez-moi (qui seras bientôt chez-nous, dès que j'aurais réussi à m'y faire). Et les premières fois, ça me fait toujours flipper (j'ai déjà parlé des premières fois). Surtout sur des trucs aussi important que vivre avec quelqu'un. Alors pendant 1 an, il va y avoir des premières fois (le premier pâques, le premier anniversaire de Caroline, le premier anniversaire de Lucas, mon premier anniversaire, le premier Noël), et j'ai peur d'avoir envie d'être triste à chaque fois.
J'ai tout pour être heureux, et je suis triste. Mais comme disait Jeanine (ouai, je pense à elle, presque plus qu'à Gwen), on peut avoir la vérole et tenir un bar-tabac.
J'adorais ses expressions.
Sinon, aujourd'hui, ben je suis tout seul. Parce que Caroline est avec son fils chez ses parents. Pour Pâques. Et qu'elle m'a dit que ce serait bien si elle me présentait pas tout de suite. En fait, ça m'arrange, j'ai absolument pas envie de rencontrer des gens nouveaux à qui il faut jouer une espèce de comédie sur le mode "content d'être là".
Tim