Après l'amour
J'avais déjà parlé sur ce blog du moment dramatique, après l'amour, où faut aller jeter la capote. T'es plus en pleine forme, pas encore complètement au repos, et tu te ballades jusqu'à la poubelle pour aller jeter la seule trace concrète de ce qui vient de se passer.
Mais après avoir jeté la capote, y'a le moment de la clope (oui, je fume, Caroline fume aussi, du coup, le passage obligé après, c'est la clope). Et là, t'es presque encore plus seul que quand tu vas en direction de la poubelle (parce que autant la mettre, c'est un truc qui peut se faire à deux, autant la jeter, c'est un truc que t'es obligé de faire tout seul, un peu comme sortir la poubelle ou te brosser les dents). Et puis, y'a ce moment de la clope où t'es à côté de l'autre, le cendrier posé devant toi, en train de fumer... Et t'es seul, parce que t'es à deux mais que tu peux rien dire.
Tu peux pas trop commencer en disant:
« Ca va ? » parce que c'est pas une vraie question, que l'autre te répondra obligatoirement « oui, ça va. Et toi ? », parce qu'on imagine mal qu'il se mette à dire « ben je suis content que tu me pose la question, parce que là, justement, j'ai ma verrue plantaire qui me fait souffrir » ou bien « ben non, ça va pas, ça fait trois jours que ça va pas et c'est que maintenant que tu me poses la question ? ».
Tu peux pas non plus tenter le « c'était comment ? », parce qu'en plus d'être une question complètement con, l'autre va pas te répondre « ben vraiment nul, t'es aussi intéressant au lit qu'une rediffusion de Derrick un soir de réveillon », et qu'il va pas non plus te dire « Note technique: cinq point deux; note artistique: quatre point huit » et encore moins « France, twelve point / La France, douze points ».
Impossible à placer aussi la discussion sur un thème précis (style la présidentielle, tu viens de passer un bon moment tu vas pas te mettre à parler de Bayrou) ou général (tu peux pas non plus te mettre à philosopher sur le sens de la vie, sur l'existence de Dieu, sur l'être et sur le néant, sur la conscience).
Alors tu restes là, à fumer, à éventuellement regarder l'autre amoureusement (ou pas), à repenser à ce qui s'est passé (et là, tu gardes tes commentaires pour toi, du style « tiens, j'aurais pu faire ça » ou « la prochaine fois, faudra qu'on fasse ça »). Donc, tu fermes ta gueule, et tu restes là, à fumer ta clope pendant que l'autre aussi est là à fumer sa clope. Et tu te sens seul.
Quand j'avais 8-9 ans (ou quelque chose comme ça), je me souviens que y'avait un film dont le titre était: post coïtum animal triste. Je comprenais pas de quoi ça pouvait parler, mais j'aimais bien ce titre. Je me rend compte qu'en fait c'est vrai; post coïtum animal triste.
Tim